L’éclairage de l’Histoire est plus que jamais nécessaire pour nous préparer à l’inédit de notre avenir politique. Il convient de s’y référer pour écouter tout particulièrement la voix de la fraternité…
Bien qu’inspirée de concepts philosophiques et religieux très anciens, la notion de fraternité ne s’est introduite que très lentement dans notre histoire républicaine.
Proche du séisme révolutionnaire d’où ont émergé la Liberté et l’Égalité, la Fraternité suit le chemin escarpé de l’humilité : elle n’est d’ailleurs pas mentionnée dans la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789.
Quand, un demi-siècle plus tard, la IIème République la rend visible sur les frontons de nos mairies, en lui accordant une troisième place dans notre devise républicaine, elle n’est alors qu’une simple référence morale, un appel à l’entraide sociale…, mais elle n’est pas perçue comme une force de cohésion.
Inscrite dans les Constitutions de 1948 puis 1958, elle est pleinement reconnue comme un ferment d’unification en France et principe fondateur de l’Union Européenne.
Dans le contexte actuel, il est bon de se souvenir que la Fraternité nous a appris à ne pas exclure, à ne pas discriminer, mais aussi à discerner ce qui, dans une démocratie, est digne d’être retenu parmi toutes les propositions politiques :
– Elle soutient l’élan de la justice vers plus de Liberté et d’Égalité, mais elle refuse l’idéalisme qui nous promet les grands soirs d’une lutte finale, ou la fallacieuse espérance d’un rassemblement qui se situerait seulement à droite ou seulement à gauche.
– Elle nous indique fermement que, si aucune personne n’est en droit infréquentable, certaines théories sont à bannir parce qu’elles sont porteuses de xénophobie, d’homophobie, de misogynie – en bref, d’incitation à la haine – et qu’en effet elles ne peuvent pas et ne doivent pas être présentes dans l’Arc Républicain.
– Elle nous oblige, et c’est son rôle de régulatrice, à transcender les hégémonies partisanes et les querelles d’ego, parce qu’elle exprime une Volonté Générale, celle qui a rendu efficace le front républicain du 7 juillet dernier.
Semblable à la petite espérance qui, selon Péguy, étonne Dieu Lui-même, la Fraternité doit continuer à se frayer un chemin de patience, de persévérance, de vigilance et d’humilité pour sauvegarder l’avenir des enfants, de tous les enfants dans le monde.
Désormais indispensable, elle nous invite à un rendez-vous qui est historique puisqu’il est inédit. Osons une nouvelle culture parlementaire dont elle serait la principale inspiratrice.
Marie-Pierre Oudin