Idoles, icônes, divinités…

A l’heure où les croyances viennent bouleverser les structures politiques et sociales, en les obligeant à se confronter à des perspectives dangereusement théocratiques, il convient d’analyser ce que véhicule un vocabulaire apparenté au langage religieux .

Après le terme d’idoles, réservé aux stars, sont apparus les termes d’icones et de sanctuaires pour désigner des leaders et des lieux à protéger comme l’école, par exemple .
Ce besoin de sacraliser doit nous faire réfléchir en profondeur sur l’évolution des sociétés en général.
D’où procède ce désir de diviniser les personnes et les lieux, comme si les dieux et les temples(au sens large)perdaient de leur attrait au profit de réalités plus tangibles ? Comme si l’acte d’adoration pouvait se rendre plus accessible en se déplaçant vers des personnalités concrètes et des lieux plus quotidiens?
L’idolâtrie,  c’est à dire le culte rendu à des images ou des représentations fantasmatiques, n’est pourtant pas une alliée bien fiable : l’Histoire n’a pas cessé de le prouver, avec ses invocations à  la Raison, ou ses Saluts de triste mémoire.

• Notre désir légitime d’admiration ne saurait se satisfaire de passions éphémères pour des artistes ou des meneurs idéalisés.
• Notre désir  légitime d’absolu ne saurait se satisfaire d’un dieu fabriqué selon nos critères de toute puissance .
• Notre désir légitime d’adorer ne saurait se satisfaire  d’une croyance en un dieu qui détruirait l’être  humain et le caractère sacré de sa personne.

Libres ou non de croire en Dieu, nous ne le sommes plus  quand il s’agit de brandir de faux dieux aux bras armés et manipulateurs de consciences.

Si Dieu existe, prêtons Lui de respecter tout ce qui fait croître la dignité humaine et l’expression de sa diversité.
Si Dieu existe, accordons Lui une Bonne Volonté…semblable à la nôtre quand nous refusons le meurtre, la défiance et le mensonge .
Car « pour espérer vaincre la violence des hommes, il est urgent de désarmer les dieux » ( Jean-Marie Muller )*

C’est le devoir des religions, c’est le devoir des citoyens d’œuvrer dans ce sens .

Marie-Pierre Oudin

*J.M Muller  Désarmer  les dieux – éditions du Relié