Choisir la paix

En provenance d’un monde cosmopolite et polyglotte, les voyageurs peuvent, dans certaines gares, apercevoir un piano : tous sont invités à en jouer, qu’ils soient ou non des musiciens expérimentés, tandis que patrouillent les soldats dont la présence est désormais familière.
C’est ainsi que se côtoient, à la croisée des voies d’arrivée et de départ, le désir d’harmonie et la volonté de protection.
Certes, nous ne sommes pas dans des lieux de concert et les soldats ne portent pas de casques bleus, mais la question se pose : la paix pourrait-elle enfin avoir droit de cité ?
Dans ces espaces, ces « salles des pas perdus » communes aux gares et aux palais de justice, on a le sentiment que l’obscur travail d’un inconscient collectif porte progressivement ses fruits en nous aidant à réaliser la force d’un rêve très ancien : celui de l’entente entre les hommes.
Ils sont innombrables, ceux qui se sont battus, accompagnés musicalement par des marches, pour faire advenir la paix. Ils nous indiquent un chemin à suivre :

  • celui d’une bonne intelligence, d’une concertation pour exécuter une œuvre, belle autant que possible,
  • celui d’une vigilance accrue pour se rendre attentif à la montée de la haine et aux moyens de la faire reculer.

Encore faut-il choisir résolument la paix, la croire capable de bouleverser le parti-pris de l’injustice, générateur de violence.
Encore faut-il lui accorder le poids, l’importance, qu’elle mérite pour inverser la tendance à la dégradation, la destruction de l’être humain.
Encore faut-il lui permettre d’agir et de se manifester, en l’introduisant délibérément dans nos structures sociales, économiques, politiques, confessionnelles, non comme un pis-aller mais comme un bien clairement identifiable et partageable par tous.