En cette période où le taux de natalité est en forte baisse, où la déforestation s’étend, où les guerres et les catastrophes naturelles plongent les populations dans l’obscurité, la fête de Noël nous livre un message qui peut paraître bien déconnecté – et pourtant …
Issu des célébrations païennes autour de la lumière, patrimoine religieux devenu culturel, Noël ne cesse pas de toucher avec un récit et des symboles qui transcendent notre histoire et invitent à vivre et vouloir faire vivre.
Qu’elle soit nommée Nativité par les croyants ou considérée comme simple naissance par les incroyants, l’apparition d’un nouveau-né avec sa petitesse nous émeut en nous rappelant à tous notre initiale et durable fragilité face à l’immensité de l’univers.
Quant à l’arbre, il évoque la croissance et son rapport essentiel avec la lumière, sans laquelle il ne peut grandir et offrir ses bienfaits : il n’est donc pas étonnant que – toujours vert – le sapin ait été choisi pour incarner la longévité et conjurer la mort.
Au lieu de nous disperser en vaines querelles concernant l’installation de crèches dans l’espace public, réjouissons-nous que, une fois par an, notre désir de trêve, de retrouvailles familiales, voire de réconciliation soit plus fort que la haine, et permette à la solidarité de s’exprimer plus intensément pour contrer le fléau de l’isolement et de la solitude, partout dans le monde. En Corée du Sud, le gouvernement a proposé des « supérettes du cœur » pour tenter de retisser les liens inter-générationnels, tragiquement perdus, de son peuple.
Réjouissons-nous, à l’heure terrible des « no kids », de célébrer l’enfance (religieusement ou non) pour préserver sa croissance, hors des ténèbres de la destruction physique, psychologique, spirituelle dont elle est l’objet.
Les parents et les éducateurs dignes de ce nom, à l’image des arboriculteurs, nous invitent à veiller, avec soin, sur la vie et nous rappellent, comme Saint-Exupéry aimait le dire, que la paix est un arbre long à bâtir.
Noël nous invite à ne pas oublier que faire naître demeure la belle et lumineuse œuvre de notre humanité.
Marie-Pierre Oudin
